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Dada Hu
Pour ma première interview Kilti, j’ai eu la chance d’échanger avec l’artiste Dada Hu, artiste Kilti-Lille, en voici quelques extraits…
Une partie de son travail est visible sur le site horsdubleu.wordpress.com que je vous recommande absolument, je suis devenue fan !
1) Pourquoi Dada Hu ? Qui es-tu et quel est ton parcours ?
Je ne sais plus exactement quand et comment Dada est né. C’est l’un de mes nombreux avatars, le mariage improbable entre Dalida, Joe Dassin, Agnès Varda, Henri Darger et un cheval.
La question de l’intime me taraude beaucoup. C’est ce que j’adore au ciné, en photo, dans les livres, les bd, et l’univers poétique de Varda me touche tout particulièrement!
Avant, il n’y a pas si longtemps, je signais « julien rigolo » (pas ma véritable identité non plus), mais il a fallu que j’en change quand on m’a fait remarquer que je n’étais plus vraiment rigolo (ce qui est archi-faux, pourtant!). J’ai les cheveux poivre et sel et je porte souvent des pulls moches. J’ai étudié le Cinéma (à Paris) parce que ça me semblait condenser tout ce que j’aimais : l’écriture, le dessin, la musique, le jeu… Mais c’est très compliqué de réaliser un film, long, fastidieux. Ça demande beaucoup d’argent et de gens. J’ai préféré revenir vers le dessin et fabriquer dans mon coin des petites histoires sentimentales.
2) On trouve dans tes œuvres des dessins mais aussi des textes… On remarque aussi beaucoup de portraits… Qu’est ce qui t’inspire ? Quelle est ta démarche artistique ?
Je dessine dans des carnets minuscules qui m’accompagnent partout, directement à l’encre la plupart du temps, sans filet. Ma démarche est lente et chaloupée, en équilibre instable. Je me déplace dans l' »art » comme je le fais dans la vie, de façon assez instinctive : j’ignore où je vais, je me promène, je regarde autour de moi, je me perds, je reviens sur mes pas, je tente des trucs, parfois ça marche et d’autres fois, pas. Ce sont les gens qui m’inspirent beaucoup, et c’est la raison pour laquelle je dessine surtout des visages, je crois. En cela, mon approche n’a pas changé par rapport à l’époque où, petit et extrêmement timide, je me servais du dessin pour communiquer avec les autres. D’ailleurs beaucoup des personnes que j’ai rencontrées ces dernières années sont liées au dessin d’une manière ou d’une autre. C’est un outil de sociabilisation incroyable.
Pour « hors du bleu » (Marguerite photo ci-contre), le petit livre que j’ai auto-édité l’année dernière, c’était différent: j’avais un cadre précis, et je m’étais fixé des contraintes (l’utilisation du Bic, par exemple, m’a poussé à adopter un style plus enfantin, un trait plus spontané, expressif).
Il y a des périodes où j’écris davantage que je ne dessine. Ces temps-ci, je m’efforce d’avoir de moins en moins recours aux mots (il y a trop de mots partout, on est encerclés par les mots, c’est l’overdose), je fais confiance à l’imagination du lecteur pour combler les trous.
La série des « arbres » c’est encore autre chose. Il s’agissait d’un projet en partenariat avec un ami photographe, qui a consisté à aller marcher pendant une semaine dans le Morvan et à documenter notre marche. Autant te dire qu’on a croisé peu d’êtres humains, et c’était très reposant ! Mais même quand je dessine des arbres, je me sens obligé de les humaniser, de leur prêter des caractéristiques humaines. J’en ai tiré aussi un mini-bouquin, que j’irai probablement écouler sur les festivals de micro-édition.
3) Te consacres-tu à ta pratique artistique à temps plein ? Sur quoi travailles-tu en ce moment, tes projets ?
Depuis 2 ans, je commence à m’assumer en tant que dessinateur, et bien que ça ne me rapporte pas un radis, je me consacre presque exclusivement à ça. J’ai déjà rempli un certain nombre de carnets que je scanne au fur et à mesure, et bientôt j’entrerai dans la phase laborieuse de mise-en-page et d’impression; je ne me fixe pas d’échéance, je sortirai ce deuxième volet d »hors du bleu » quand je le sentirai prêt à voler de ses propres ailes. Si j’ai le courage, j’essaierai également de relancer une impression du premier numéro, que j’avais tiré à un nombre restreint d’exemplaires (par manque d’ambition?) et qui est épuisé désormais.
4) Pour ce panier un air de famille tu nous fais la joie de réaliser un t-shirt, est-ce un support sur lequel tu as l’habitude de travailler ?
Pas du tout, ce serait même la première fois. Jusqu’à présent, j’ai eu très peu l’occasion de répondre à des commandes (avec un thème donné, en plus), si bien que je me mets une pression considérable, et je m’applique trop!
5) Comment s’est enclenchée cette collaboration avec Kilti ?
J’ai rencontré Laudine quand j’ai débarqué à Lille en 2010, via l’Hybride qui est vite devenu un de mes repaires/repères incontournables. Laudine en est partie pour lancer Kilti, mais on est resté en contact (on se croise régulièrement) et j’attendais impatiemment (mais sans réclamer) qu’elle me propose une collaboration. J’espère me montrer à la hauteur!
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interview réalisée par Naïna PATRICE , relue et corrigée par Chantal BREBION