Rencontre avec l’illustratrice Kolako et Marie-Charlotte, fondatrice d’Andy & Marcel

D’un côté, il y a Kolako, de son prénom Anaïs, l’illustratrice qui a réalisé les tote bag du panier « Cul », de l’autre Marie Charlotte, fondatrice de la librairie Andy & Marcel. C’est cette dernière qui a déniché les artistes ayant participé à la dernière édition des paniers Kilti. Nous avons souhaité les rencontrer pour parler de leur métier mais aussi de leur choix et de leur vision du monde de l’édition.

Kilti – Quelle a été votre collaboration avec Kilti ?

Anaïs Kolako - J’ai collaboré avec Kilti par le biais de Marie-Charlotte, elle m’a demandé si je souhaitais réaliser l’illustration des tote bags pour le thème « Cul’ ».

Marie Charlotte – J’ai mis en contact les artistes, qui je pense, pouvaient travailler sur ce thème, avec Laudine.

Kilti – Pouvez-vous nous parler de vos activités ?

A.K - Je suis illustratrice indépendante, c’est une activité que j’essaye de développer en parallèle de mes études. J’ai fait une école d’art et je suis en master littérature de jeunesse, j’ai toujours eu un pied dans l’art et surtout dans l’illustration. Après je souhaiterais me lancer dans de gros projets et démarcher des maisons d’édition.

M.C - Je suis la fondatrice d’Andy & Marcel, une librairie spécialisée dans le roman graphique à Wazemmes. Je l’ai ouverte en septembre 2015, et depuis, il s’est déjà passé beaucoup de choses (rires).

A.K – En fait j’étais son ancienne stagiaire ! Je suis arrivée en février 2015, je ne suis restée que 2 mois mais je ne suis jamais vraiment repartie (rires). C’est d’ailleurs Marie-Charlotte qui m’a permis de faire ma première expo chez Andy et Marcel !

M.C – Même encore aujourd’hui, quand je suis absente c’est elle qui me remplace et comme elle a eu un super bon feeling avec les clients et les habitués, les gens l’adorent.

Kilti – Anaïs, quel est ton domaine de prédilection ?

A.K - À la base je pensais me diriger vers l’illustration pour la jeunesse mais finalement je n’ai pas du tout pris cette voie là. En fait, mes réalisations ne sont pas spécialement destinées aux enfants notamment dans les thèmes que j’aborde. Mais c’est surtout par rapport à la technique que j’utilise, en effet, je travaille en « papier découpé » et aussi avec des photos. Mon but est de ne surtout pas utiliser l’informatique en tout cas le moins possible. Je n’aime pas passer trop de temps sur mes illustrations car j’aime bien aller vite et commencer de nouveaux dessins.

M.C - Anaïs met en scène des petites scènes brèves, des instants de vie et je trouve que c’est plus intéressant pour elle de travailler comme ça.

A.K – Oui ça se retrouve dans ma démarche. Quand il m’arrive un truc, j’y pense et hop je le dessine et je le mets en situation. Mon travail est très spontané !

Kilti – As-tu un blog ?

A.K – J’ai un compte instagram, je suis surtout active sur ce media, j’ai ma page facebook et j’ai un blog que je n’anime pas très régulièrement.

Kilti – Marie-Charlotte, pourquoi fonder une librairie spécialisée dans le roman graphique ?

M.C - J’ai vraiment mis l’accent là-dessus car je me retrouvais vraiment dans ce type de lecture, il y a plein d’artistes à découvrir avec chacun leur technique. J’ai fait des études d’Histoire de l’Art et je tenais à présenter ça en cohérence avec le fait de monter des expos ou établir des partenariats avec des établissements culturels. Je voulais que ce soit un lieu culturel, un lieu vivant, un lieu de vie où les gens qui sont animés par la même passion qui est l’art, viennent et se retrouvent. Finalement, j’ai beaucoup d’habitués, c’est un peu comme des copains qui viennent tous les jours chez moi (rires).

Kilti – Est-ce que le thème « cul’ » de ce panier a été inspirant ou au contraire un frein ?

C.M - Ah non pas du tout, ça m’a fait rigoler ! En plus dans les romans graphiques il y a plein d’auteurs qui font des choses hyper décalées sur ce thème et donc je savais qu’il y avait moyen de faire des choses rigolotes.

A.K – C’est un thème que j’aborde déjà un peu dans mon travail personnel, j’aime bien dessiner des amoureux, j’en ai fait beaucoup. Du coup pour moi c’était le thème parfait. En plus comme c’est Marie-Charlotte qui m’a proposé ce projet, j’ai dit oui tout de suite ! J’étais super contente. J’ai testé des trucs très osés, d’autres moins et ce qui ressort le plus de ce thème, pour moi, c’est vraiment la tendresse et la sensualité. J’aime bien dire que je fais des choses un peu « mignonnes » je voulais rester dans ma ligne et ne pas faire un gros truc vraiment cul, ce n’est pas vraiment mon style. Je ne voulais pas trop en montrer.

Kilti – Quels sont vos projets à venir ?

A.K - Après mon master je voudrais démarcher les maisons d’édition et pourquoi pas, m’associer avec un auteur. Finalement, c’est ce que je préfère, juste dessiner.

MC – Pour les mois qui suivent, je vais continuer à développer l’activité de la librairie. Pour en savoir plus, il faut suivre l’actualité sur la page facebook (rires).

Kilti – Comment décririez-vous du monde de l’édition ? Il semble être un milieu difficile

A.K - Je pense que c’est un gros casse-tête. Après mon master, je veux trouver un boulot qui paye pour pouvoir rester à Lille et en même temps j’ai besoin de temps pour développer mon activité. C’est un peu le serpent qui se mort la queue car si tu prends du temps pour travailler sur tes projets perso, tu ne peux pas chercher un boulot et du coup sans argent, on ne peut rien faire non plus. J’admire vraiment ceux qui arrivent à ne faire que ça, c’est énormément de sacrifices et toute une organisation. Après je pense aussi qu’il faut savoir dire non notamment si le projet ne nous apporte rien. Comme je débute, j’ai tendance à dire oui un peu à tout car je trouve tout intéressant et stimulant mais des fois je me fais avoir. Mais c’est important de passer par là car on apprend énormément sur ce milieu pro et aussi sur soi-même.

M.C - D’un point de vue extérieur, c’est vrai que les artistes parlent beaucoup de la condition et du fait qu’ils ont de plus en plus de mal à trouver des projets et à se faire rémunérer. Après j’ai suivi Anaïs en stage et je l’ai poussée à se diriger dans cette voie. À mon avis, quand on a un style aussi original c’est peut-être plus facile de se faire repérer par des éditeurs.

Kilti – Marie-Charlotte, essayes-tu de donner une visibilité à certains artistes ?

M.C – Oui par exemple avec les expositions que j’organise. Après, c’est marrant car il y a de plus en plus de gens qui viennent pour me montrer leur travail comme si j’étais une experte (rires). Par exemple, une fille est venue me voir pour me montrer ses réalisations et je l’ai aidée à se recentrer.

Kilti – Peux-tu nous parler de ton parcours ?

M.C – J’ai fait des études d’Histoire de l’Art car j’ai toujours aimé regarder les belles choses. J’ai lancé Andy & Marcel parce que c’était compliqué de trouver du boulot. Et finalement je comprends pourquoi j’ai eu du mal car ce n’était pas vraiment fait pour moi. En fait, je voulais être médiatrice culturelle ou alors attachée de conservation, avec ma formation on peut faire plein de choses et il y a très peu d’offres d’emploi. Aujourd’hui, je comprends que ce n’était pas mon truc et pourquoi j’ai autant galéré.

Kilti – Est-ce facile de créer une librairie ?

M.C – Oui ! Ça a été très facile de créer la librairie, je trouve que c’est très simple de monter son entreprise mais beaucoup plus difficile de la rentabiliser. On ne nous met jamais de frein au début et c’est par la suite qu’on se rend compte de la réalité des choses. Finalement on ne nous prépare pas vraiment et moi qui suis toute seule, cela a parfois été très difficile. On m’a demandé récemment si je lisais beaucoup de livres et non, je n’ai plus du tout le temps (rires).

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écrit par Capucine Cliquennois

relu et corrigé par Chantal Brebion

 

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