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Nulabee : du citrophone au panier culturel 3.0
C’est lors de la soirée de distribution du panier 3.0 à Lille que vous avez peut-être assisté à la performance de Nulabee. Ce jeune artiste lillois a présenté quelques extraits choisis de son album accompagné d’un synthé et d’un citrophone. Intrigués par cet instrument, nous sommes allés à sa rencontre pour qu’il nous parle de sa musique et de ses projets.
Kilti – Pour commencer, peux-tu nous dire comment tu as entendu parler du projet Kilti ?
Nulabee - Je ne connaissais pas le concept mais je l’ai trouvé très cool. C’est Lisa qui m’a contacté, je ne sais pas comment elle a connu mon projet, mais elle m’a proposé de participer à la soirée. J’ai ainsi pu proposer un petit set de 3 morceaux.
K – C’est donc ton album que l’on trouve dans le panier ?
N – Oui, un album numérique. Dans le panier, on pouvait trouver un petit carton qui expliquait comment télécharger l’album.
K- Comment a commencé ce projet ?
N – Tout a commencé en 2015 et un peu par hasard. Une chanteuse anglaise de folk a lancé un concours de remix auquel j’ai participé, il y avait environ 500 participants. J’ai gagné ce concours et cela m’a donné envie de pousser le projet un peu plus loin. J’ai donc sorti le 1er album, « Treefall Gaps » 6 mois après, en juin 2015 puis un EP, « New sketch of Skyline » en mai 2016.
K – Quel est ton parcours ?
N - J’ai commencé la musique à 7 ans en école de musique, j’y ai fait du solfège et du saxophone pendant 10 ans. Après je me suis mis à la guitare et j’ai joué dans un groupe de rock puis dans un groupe de metal. Avec ce groupe, on a joué à peu près une soixantaine de dates un peu partout en Europe, on a même sorti deux albums.
K – Comment es-tu passé du metal à l’électro ?
N – Cette période était très sympa mais pour diverses raisons j’ai arrêté le metal. À un moment, j’ai eu l’impression d’avoir un peu fait le tour de ce style. J’ai toujours écouté beaucoup de musiques différentes, du hip hop, du jazz et de l’électro. Même quand j’avais mon groupe de metal, j’ai toujours fait un peu d’électro. C’est finalement ce qui me correspondait le plus musicalement. Je suis passé par beaucoup de styles mais surtout pour m’amuser. Le problème c’est qu’à chaque fois, je faisais des morceaux complètement différents qui n’avaient rien à voir entre eux. J’ai donc eu l’envie de m’arrêter sur un style ou en tout cas sur une identité fixe et d’avoir un projet cohérent.
K – Justement, quel style d’électro joues-tu ?
N - C’est toujours un peu difficile de mettre des étiquettes, mais je dirais que je me rapproche de la chillwave et de la future bass.
K - Aimerais-tu en faire ton métier ?
N - Non ce n’est pas un objectif car ce n’est pas vraiment quelque chose qui se choisit, si ça marche et que l’on peut en vivre tant mieux. Quoi qu’il arrive je continuerai à faire de la musique que ça reste au même stade ou que ça évolue. De toute façon j’ai toujours eu besoin de bosser sur un projet musical.
K - Comment fait-on de l’électro finalement ?
N – Tu n’as pas besoin de gros matériel, tu as surtout besoin d’un ordinateur et de programmes spécialisés. Dans ce genre de musique la plupart des gens sont autodidactes, même si on peut trouver quelques tutoriels sur Youtube. Ce qui est important, c’est d’apprendre à mixer les sons entre eux de manière à ce que ça sonne bien et c’est le moins évident.
K – Quelles sont tes inspirations pour composer ?
N - C’est assez variable en fait, je peux m’inspirer de musique classique, folk ou électro. Le schéma habituel, c’est que je pars d’une progression d’accords que je vais faire au piano. Sur cette base je vais poser une rythmique dessus et composer une mélodie que je vais ensuite changer en sons de synthé et je vais habiller le morceau comme ça. Certains morceaux peuvent être travaillés durant plusieurs mois et d’autres non. En moyenne, je mets 1 à 2 semaines pour en composer un.
K - Tu fais des concerts ?
N - Pas encore justement, car jusqu’ici je m’étais concentré sur la production et le travail des morceaux. C’est assez récemment que j’ai commencé à travailler l’aspect live avec l’idée d’avoir quelque chose d’un peu vivant sur scène. Mon approche, c’est vraiment de proposer de l’instrumental et de rejouer mes morceaux en refaisant certaines parties à la guitare, au clavier, au launchpad mais aussi au citrophone.
K – Peux-tu nous parler de cet instrument ?
N - En fait, je joue sur des citrons plantés sur des fourchettes, c’est un instrument que j’ai fabriqué moi-même. Chaque citron est relié à un circuit et les baguettes avec lesquelles je les tape sont aussi reliées au circuit. Quand je tape sur un des citrons, ça fait une boucle avec le circuit qui est alors capable de dire sur quel citron j’ai tapé. Le tout est relié en usb à l’ordinateur qui va produire le son qui correspond aux notes que j’ai jouées.
K – Quelles sont tes actualités ou tes projets à venir ?
N - J’ai été contacté par les Arcades de Faches-Thumesnil pour faire une résidence chez eux pendant une semaine, qui aboutira par un concert à la rentrée. De l’autre côté, maintenant que j’ai suffisamment de morceaux, je commence à bosser sur la partie live. Lors de la soirée Kilti, c’était d’ailleurs la première fois que jouais ce set devant un public. Je travaille aussi sur un 2e album qui sera dans la même veine. J’espère le sortir cet été.
K – Tu collabores avec d’autres artistes ?
N – Oui, déjà sur le 1er album j’avais collaboré avec 3 chanteuses. Pour le second je travaille déjà avec 2 autres chanteuses que j’ai découvertes via Sound Cloud. Quand j’aime un titre, je contacte l’artiste et lui propose de travailler avec moi.
K – Par quels médias fais-tu connaître ton travail ?
N – Au début, la promo s’est faite un peu d’elle-même. J’ai eu de la chance de voir une grosse chaîne Youtube, Mr Suicide Sheep, partager un de mes morceaux qui est monté à 150 – 200 000 vues. C’est à partir de là que le projet s’est vraiment lancé notamment du côté production. Ce qui est paradoxal, c’est que cette chaîne a une audience mondiale dont le public est essentiellement américain. J’ai donc un public plutôt basé aux Etats-Unis et pas vraiment local d’où l’intérêt de faire des lives pour toucher un public lillois.
J’ai aussi ma page Facebook et Soundclound ainsi qu’une newsletter. Je me sers bien sûr de ma chaîne Youtube sur laquelle je poste des morceaux de l’album mais aussi quelques petites vidéos. Cela m’est aussi utile pour démarcher les salles.
Interview réalisée par Capucine Cliquennois
Relue et corrigée par Jean-Sébastien Buzon