Comment définissez-vous votre style ? Quelle est votre démarche artistique ? Je dirais que c’est du fantastique, mais au sens le plus traditionnel du terme. Point de zombies, de vampires ou d’extra-terrestres, mais plutôt un quotidien et des situations courantes dans lesquels j’insère un petit grain de sable, de nature improbable, afin de voir comment se dérègle la machine. Je saupoudre avec pas mal de symboliques, de mystique et de sens cachés, afin que l’on puisse interpréter différemment le(s) message(s) et les évènements subis par mes personnages. Et puis, avant cuisson, je mets toujours un peu d’humour au fond du plat pour que ça n’attache pas.
Quand vous commencez à écrire une histoire, la connaissez-vous en entier ou bien improvisez-vous au fur et à mesure ?
C’est très variable. Je peux avoir une fin dont je dois élucider le début, un début qui m’emmène où il veut, ou l’histoire complète qui s’impose à moi sans me laisser de choix. Pire, j’ai parfois un milieu qui ne sait où il commence et qui n’a pas envie de finir. J’admets que cette réponse vous fait une belle jambe, mais la vérité n’est pas toujours folichonne.
Où puisez-vous toutes vos idées ? D’où vient l’inspiration ? J’adore cette question. Je pourrais y répondre par « uniquement le mardi matin, en feuilletant le journal ». Mais non. Les idées en général ont leur propre vie, apparaissent quand elles le désirent, s’imposent à vous. Le rôle du raconteur d’histoires est de s’intéresser à elles, les laisser germer, de les trier puis d’en faire quelque chose si elles sont bonnes et de savoir mettre froidement une balle entre les deux yeux aux autres.
Ce qui m’inspire, ou plutôt les idées que je laisse se développer, sont généralement un peu folles, décalées et improbables. Le quotidien et la « vraie vie » sont parfois si absurdes qu’il suffit de se baisser pour les ramasser.
Pourquoi avez-vous choisi d’écrire « La mesure du possible » ? Je ne l’ai pas choisi. C’est elle qui l’a décidé. Je n’avais jamais imaginé écrire jusqu’à ce qu’une histoire se matérialise d’un seul coup dans ma tête. Tellement remuante qu’il fallait qu’elle sorte, que je m’en débarrasse. Le fait de la libérer en lui collant des mots dessus a réveillé toutes les autres qui dormaient dans un coin de ma tête et qui m’ont alors mené la vie dure jusqu’à ce qu’elles aussi puissent se faire la malle. Du coup, maintenant, y’a de la place là -haut (Bertrand B. tapote son front de l’index). Ce faisant, j’ai réalisé qu’elles étaient toutes plus ou moins liées et qu’il était aisé d’en faire un roman certes un peu différent, fait de nouvelles en apparence indépendantes. La vie est comme ça, aucune histoire n’a véritablement de début ni de fin et tout est lié… D’ailleurs, la Mesure du Possible n’est qu’un morceau d’un tout plus grand, d’autres nouvelles publiées ou pas en sont le prolongement…
Quel sera le sujet de votre prochain roman ?
Je ne sais pas encore quel projet aboutira en premier, mais il est probable qu’il s’agisse d’un thriller écolo au beau milieu de l’Océan Pacifique, sous 40 degrés et sur fond de surf music…
Pourquoi avez-vous participé au panier culturel Kilti ? Est-ce que ça a été une bonne expérience ? J’aime beaucoup la démarche, qui ouvre un champ des possibles de rencontre entre des créateurs et un public qui ne se seraient pas forcément cherchés, et ça génère de la surprise, bonne ou mauvaise. Les bonnes surprises, c’est un peu le sel de l’existence, non ? Plus spécifiquement, la « Mesure du Possible » est à mon sens bien plus intéressante quand on se laisse porter sans avoir la moindre idée de ce dont elle parle. Qu’un lecteur la découvre alors dans un panier comme celui-là lui donne vraiment tout son sens.
Et une très bonne expérience, pour la même raison, l’inattendu, et parce qu’elle est très différente des séances de dédicaces, seul moment en général dans la vie d’auteur où l’on sort de derrière son traitement de texte et on cause bouquin… |
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